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Les Espagnols partent sans regret...
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En France depuis mars
2002, ils regagneront sans regret la péninsule ibérique au printemps
Myriam et Jaime : «Nous serons contents de quitter la
France»
Myriam Garcia a 24 ans. Jaime Gomez en a 28. Tous les
deux sont infirmiers, et espagnols. Originaires de Cadix, en France depuis mars
2002, ils exercent actuellement à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil,
respectivement en chirurgie vasculaire et en hépato-gastrologie, après avoir
commencé en neurologie à Albert-Chenevier, à Créteil. Ils souhaitent partir dès
leur contrat terminé. Après un an de stage, payés comme leurs collègues
français, ils estiment que la vie est chère en France et les conditions de vie
difficiles à Paris.
Hervé Guénot - Le Figaro
[04 janvier 2005]
LE FIGARO. – Pourquoi venir en France ?
Myriam Garcia. – En Espagne, les emplois sont rares pour les jeunes
infirmiers diplômés. Pour travailler dans le secteur public, il faut figurer sur
des listes d'attente. Et pour s'y faire une place, il faut accumuler des points,
c'est-à-dire multiplier les expériences professionnelles. D'où ce séjour en
France.
Jaime GOMEZ. – J'avais le choix : Portugal, Grande-Bretagne, Italie. J'ai
préféré la France. L'infrastructure hospitalière y est meilleure malgré les
difficultés du système.
Quel est le bilan de votre stage en France ?
J. G. – Sur le plan professionnel, j'ai beaucoup appris. Mais sur le plan
personnel, j'ai de mauvais souvenirs. L'intégration a été difficile, malgré les
efforts d'accueil de l'hôpital Albert-Chenevier. J'ai ressenti un sentiment de
rejet. Nous avions, collé sur le front, une étiquette : «Infirmiers espagnols».
J'ai trouvé aussi qu'il existait de la part de nos collègues français un
sentiment de méfiance professionnelle.
M. G. – J'ai éprouvé le même sentiment. Le premier mois, nous avons
travaillé en tandem avec une collègue française. On nous posait mille questions
élémentaires pour nous tester, alors que, comme nos collègues françaises, nous
avons fait trois ans d'étude.
Des problèmes avec la langue française ?
J. G.– Nous sommes arrivés sans parler un mot de français. Le stage à
Dourdan nous a permis d'apprendre quelques bases grammaticales et quelques mots.
Cette formation est très insuffisante. La méconnaissance du français a été un
véritable obstacle, surtout les trois premiers mois.
M. G. – Cependant, le contact avec les malades a été correct. Nous avons eu, paradoxalement, plus de mal avec leurs familles, souvent méfiantes, qu'avec les malades.
La langue a-t-elle été l'obstacle le plus difficile ?
J. G. – Non, ce fut le logement. Nous habitons à Créteil mais ce fut une
histoire interminable pour trouver un logement. On nous a fait, en Espagne, des
promesses qui n'ont pas été tenues à Paris. Nous nous sommes donc débrouillés
tout seuls mais nous avons beaucoup galéré. J'ai été surpris du prix prohibitif
des loyers et de la médiocrité des logements.
M. G. – Le salaire infirmier est le même en France et en Espagne. Mais
les loyers parisiens sont quatre fois supérieurs aux loyers espagnols.
Le travail est-il pénible dans le système français ?
M. G. – Oui, et il est plus difficile qu'en Espagne. Le manque de
personnel est criant. La charge de travail repose sur un nombre limité
d'infirmières.
J. G. – On limite le temps pour chaque malade. Pour les congés, nous
avons rencontré des difficultés. Nous habitons à 2 000 kilomètres et voulions
cumuler les jours de congé pour prendre une semaine. Cela a été difficile, par
manque de personnel : les conditions de travail sont rudes.
Allez-vous rester en France ?
M. G. et J. G. (en choeur). – Il n'en est pas question. D'ailleurs,
personne ne veut rester. Nous ferons nos trois ans de contrat, jusqu'au
printemps 2005. Nous sommes même contents de partir. De retour en Espagne, nous
allons retrouver plus facilement un emploi. Mais nous serons obligés de passer
par les fourches caudines de l'intérim, de faire des remplacements pendant un an
ou deux. Ayant accumulé de l'expérience, nous serons bien placés sur les listes
d'attente.