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Antoine Béclère 

La lettre de l'hôpital privé aux médecins fait scandale

 

 

 

 

LE TORCHON brûle entre les secteurs privé et public de la santé, et notamment entre l'hôpital Antoine Béclère de Clamart et l'hôpital privé d'Antony. En cause, un courrier du 18 avril dernier diffusé à quelques 10000 exemplaires dans quatre départements -78, 91, 92, et 93- par Denis Hovasse, président de l'hôpital privé d'Antony. Dans cette lettre (voir encadré) accompagnée d'un comparatif des tarifs de remboursement de la Sécurité Sociale au privé et au public, Denis Hovasse incite les médecins à envoyer leurs patients dans le privé plutôt que dans le public afin de rendre << la Sécurité Sociale bénéficiaire dès cette année >>.

 

« L'hospitalisation privée, honoraires inclus, coûte deux fois moins cher(...) que l'hospitalisation publique », écrit-il encore, avant de préciser cependant qu'il s'agit d'un << constat qui ne porte aucun jugement sur la qualité des soins pratiqués dans le public ou le privé, ni surtout sur la qualité des hommes qui y travaillent >>.

Une précision qui n'a pas vraiment apaisé la colère des personnels d'Antoine Béclère, << choqués, blessés, outrés et scandalisés >> à la lecture de ce courrier, comme le dénonce le syndicat SUD de l'hôpital public dans un tract en date d'hier.

« Même les généralistes sont outrés »
 

<< C'est scandaleux sur le fond et sur la forme, s'énerve Marie Christine Fararik, de SUD Santé. Même les généralistes sont outrés, ce sont d'ailleurs eux qui nous ont alertés. >> Dans son tract, le syndicat rappelle que << l'hôpital public a des devoirs qui lui sont propres comme celui d'accueillir tous les malades sans leur demander s'ils sont précaires, jeunes ou désargentés (...). Cela a un coût ! <<
 

LE TÉMOIN DU JOUR - Pr DOMINIQUE MUSSET, président du comité consultatif médical (CCM) de Béclère

« On compare ce qui n'est pas comparable ! »

 

« C'est la première fois que je vois ça, une lettre distribuée à si grande échelle, lance le professeur Musset. C'est scandaleux, les écrits de Denis Hovasse sont mensongers parce qu'il compare ce qui n'est pas comparable. A l'inverse de ce qu'il écrit, les honoraires des médecins ne sont pas inclus dans les tarifs cliniques, alors qu'ils le sont dans ceux de l'hôpital public. Si l'on compare ce qui peut l'être, c'est à dire les coûts pour les établissements, on se rend compte que la différence est ridicule. On est de 20 à 30% plus nombreux dans le public, tandis que le privé emploie beaucoup plus de personnel moins qualifié, donc moins cher. »

Et le chef de service de radiologie de Béclère de rappeler que << l'hôpital public accepte tous les patients et pas le privé, que le public assume la formation du personnel soignant, la recherche et propose des services d'assistance sociale aux patients, et que tout ceci a un coût qui se répercute dans les tarifs. >>

Suite à cette lettre, Dominique Musset a envoyé un courrier au Conseil de l'Ordre des Médecins afin de s'assurer << que la démarche de Denis Hovasse est bien déontologique et qu'il ne s'agit pas de publicité >>.

 

Sylvain Merle

Le Parisien , jeudi 26 mai 2005