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La lettre de l'hôpital privé aux médecins fait scandale |
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« L'hospitalisation privée, honoraires inclus, coûte deux fois moins cher(...) que l'hospitalisation publique », écrit-il encore, avant de préciser cependant qu'il s'agit d'un << constat qui ne porte aucun jugement sur la qualité des soins pratiqués dans le public ou le privé, ni surtout sur la qualité des hommes qui y travaillent >>. Une précision qui n'a pas
vraiment apaisé la colère des personnels d'Antoine Béclère, << choqués,
blessés, outrés et scandalisés >> à la lecture de ce courrier, comme le
dénonce le syndicat SUD de l'hôpital public dans un tract en date
d'hier. << C'est scandaleux sur le fond et sur la forme, s'énerve Marie Christine Fararik, de SUD Santé. Même les généralistes sont outrés, ce sont d'ailleurs eux qui nous ont alertés. >> Dans son tract, le syndicat rappelle que << l'hôpital public a des devoirs qui lui sont propres comme celui d'accueillir tous les malades sans leur demander s'ils sont précaires, jeunes ou désargentés (...). Cela a un coût ! >>. << Mais nous aussi, rétorque Denis Hovasse. Qu'on me cite une personne qu'on a refusée en trois ans d'existence. Nous aussi assurons des missions de service public. >> Le président de l'hôpital privé d'Antony explique sa démarche, << personnelle >>, précise-t-il, par souci d'informer le public. << On vit comme une situation très injuste cette différence de tarifs, continue l'homme. J'ai envoyé cette lettre pour que les médecins sachent, d'autant qu'il y a de vraies économies à faire. >> Le syndicat SUD a une autre théorie : << Le vrai but de la clinique d'Antony est de générer des bénéfices pour ses actionnaires sur le dos des fonds publics de la Sécurité Sociale et le dos des patients. >> Denis Hovasse, lui, dément catégoriquement avoir voulu faire de la publicité pour son établissement. << L'hôpital tourne à plein et
nous n'avons pas besoin de patients, lance-t-il, mais c'est assez
pénible de constater qu'avec une telle activité nous sommes toujours
déficitaire. Je peux comprendre la réaction des personnels du public
parce qu'ils ne connaissent pas ces différences, continue Denis Hovasse.
Aujourd'hui, nous avons un système ancien qui doit être revu car nos
tarifs ne couvrent pas les missions de service public que l'on rend. >> LE TÉMOIN DU JOUR - Pr DOMINIQUE MUSSET, président du comité consultatif médical (CCM) de Béclère
« C'est la première fois que je vois ça, une lettre distribuée à si grande échelle, lance le professeur Musset. C'est scandaleux, les écrits de Denis Hovasse sont mensongers parce qu'il compare ce qui n'est pas comparable. A l'inverse de ce qu'il écrit, les honoraires des médecins ne sont pas inclus dans les tarifs cliniques, alors qu'ils le sont dans ceux de l'hôpital public. Si l'on compare ce qui peut l'être, c'est à dire les coûts pour les établissements, on se rend compte que la différence est ridicule. On est de 20 à 30% plus nombreux dans le public, tandis que le privé emploie beaucoup plus de personnel moins qualifié, donc moins cher. » Et le chef de service de radiologie de Béclère de rappeler que << l'hôpital public accepte tous les patients et pas le privé, que le public assume la formation du personnel soignant, la recherche et propose des services d'assistance sociale aux patients, et que tout ceci a un coût qui se répercute dans les tarifs. >> Suite à cette lettre, Dominique Musset a envoyé un courrier au Conseil de l'Ordre des Médecins afin de s'assurer << que la démarche de Denis Hovasse est bien déontologique et qu'il ne s'agit pas de publicité >>.
Sylvain Merle Le Parisien , jeudi 26 mai 2005 |